Les souliers du mort by Souvestre Pierre

Les souliers du mort by Souvestre Pierre

Auteur:Souvestre, Pierre [Souvestre, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Policier
Éditeur: Gouzibibliothèque
Publié: 2012-05-08T12:50:54+00:00


14 – PERQUISITIONS

Il était tout près de trois heures et Juve, exact comme un militaire, attendait depuis quelques minutes à peine, lorsque le coupé de M. Havard arriva rue Richer et stoppa à la hauteur du policier.

M. Havard sauta de voiture plutôt qu’il n’en descendit. Il paraissait joyeux et apostropha Juve.

— Tiens, voilà notre noceur. Comment ça va-t-il depuis ce matin ?

— Cela va parfaitement, répondait Juve, je vous remercie, mais je tiens à dégager tout de suite ma réputation compromise. Monsieur Havard, foi d’honnête policier, je ne mérite pas d’être traité de noceur.

À cela, M. Havard répondait plaisamment en levant les bras au ciel :

— Qui donc le mériterait, grands dieux ? Savez-vous quel était le total exorbitant de votre dîner d’hier soir ? Cinquante-sept francs.

— Erreur, répondit Juve, profonde erreur. J’ai dîné pour deux francs soixante.

Et comme M. Havard le regardait fort surpris, Juve expliquait :

— Voici la clé de l’énigme, M. Havard, vous avez été victime d’une plaisanterie de mon ami Fandor.

Et Juve, qui venait de déjeuner avec le journaliste, expliqua à M. Havard, fort amusé, les incidents de la nuit précédente.

— Voilà la vérité, concluait-il. Fandor s’est conduit comme un polisson et m’a fait soupçonner d’indiscrétion notoire. En revanche, vous avouerez, patron, que mon jeune ami n’a pas perdu son temps.

Les deux hommes causaient encore sur le trottoir, M. Havard prit Juve par le bras et le poussa vers la porte cochère de l’immeuble du crime.

— Fandor n’a pas perdu son temps, approuvait M. Havard, c’est exact ! Vous non plus, Juve, et moi encore moins.

C’était là bien évidemment des paroles imprudentes, que Juve ne pouvait guère laisser passer sans protester :

— Oh, oh, dit-il, on dirait que vous avez du nouveau ?

— Beaucoup de nouveau, répondit M. Havard. Je vous l’expliquerai tout à l’heure.

Il regarda Juve en riant, puis ajouta :

— Et du nouveau qui vous surprendra, encore !

Or, à ce moment, Juve faisait une mine assez curieuse :

« C’est bizarre, pensa le policier en lui-même, mais Havard a l’air satisfait. C’est qu’il a trouvé quelque chose qui peut lui donner à penser que la thèse de l’assassinat se confirme, or l’assassinat, je ne peux pas y croire. »

Juve toutefois se garda bien d’exprimer ses réflexions à haute voix.

— Patron, répondait-il, je suis prêt à vous écouter quand vous voudrez.

M. Havard, cependant, de façon autoritaire, car il aimait un peu de temps à autre à faire parade de son grade, ouvrit la loge de la concierge.

— Les clés de M. Baraban ? demanda-t-il.

La concierge avait été, en effet, nommée gardienne des scellés, ainsi qu’il est d’usage.

— Seigneur, doux Jésus, s’exclama-t-elle en reconnaissant le chef de la police, c’est-il encore que vous allez monter à l’appartement de ce pauvre cher brave homme ? Connaît-on son assassin ?

— On ne connaît rien du tout, affirma M. Havard.

Et de plus en plus autoritaire, le chef de la Sûreté ajouta :

— D’ailleurs, madame, si vous voulez être renseignée, vous n’avez qu’à lire le journal. Vous y trouverez tout ce qu’il y a d’important à connaître pour vous.



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